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Le Mans Night The spirit of Endurance

Parmi les phases stratégiques d’une course de 24 Heures, la nuit est forcément particulière. Encore plus au Mans, sur les treize kilomètres redoutables de ce circuit aux multiples légendes nocturnes. Plongé par endroit dans l’obscurité, le tracé entre dans une nouvelle dimension. Pour les pilotes comme pour les spectateurs, un nouveau monde aux sens bouleversés s’ouvre à eux et fige l’épreuve hors du temps. Ambiance.

The night is coming. © ACO - C. Thrasher
© ACO - J-P. Espitalier
De 1923 à 2018, la nuit a toujours été un thème récurrent sur l'affiche officielle.

Défi nocturne

Au coeur du paddock, il est 22 heures. La nuit vient de tomber. Les allées sont encore animées : Spectateurs, personnels d’équipes, chariots affrétant les pneumatiques jusqu’aux stands constituent un ballet cadencé. Une petite fourmilière qui, dans quelques heures, va s’estomper peu à peu. Les motor-homes se seront vidés ou presque de leurs invités, les stands deviendront en partie des dortoirs de fortune entre deux ravitaillements et les pilotes chercheront le sommeil après leur relais. Sur le muret de la pitlane, pas de repos ni de répit, les ingénieurs gardent les yeux rivés sur leurs écrans de données.La nuit, qui représente un tiers de la course, est un vrai défi technologique et humain pour les équipes.

© ACO - C. Thrasher - F. Timores - S. Bassani
© ACO - A. Goure

Stratégies - Autrefois, la nuit était un moment privilégié pour ménager les mécaniques, moins sollicitées par la température fraîche nocturne. Aujourd’hui, la lutte est de tous les instants et tous se l’accordent : la course est devenue « un sprint de 24 heures » où pendant la nuit peuvent se modeler les victoires et les écarts se creuser. Les pilotes apprécient ce moment pour profiter pleinement des capacités de leur voiture et de la fenêtre d’utilisation optimale de leurs pneumatiques. Vaincre la nuit, c’est une première victoire : « Au lever du jour, on commence à voir le bout du tunnel » résume Romain Dumas, double vainqueur de l’épreuve. Vient alors l’heure des premiers bilans, de la dernière longue ligne droite avant la ligne d’arrivée.

© ACO - C. Thrasher
© ACO - A. Goure

Visibilité - Habituer sa vue et ses réflexes à la nuit relève d’un vrai challenge pour les pilotes qui doivent vite trouver leurs marques. La conduite de nuit, où le champ visuel est réduit, impose de nouveaux repères pour les trajectoires, les distances, les zones de freinage… La gestion du trafic est un défi permanent qui tient en éveil, où les différences de vitesse et l’aveuglement lié aux phares peuvent jouer des tours. Les commissaires, quant à eux, sont aidés par de grands panneaux lumineux qui relaient les drapeaux pour prévenir les pilotes. La nuit des 24 Heures du Mans tient aussi son rôle de laboratoire technologique. Son histoire est liée au développement des phares, des ampoules à filaments en 1923 aux leds et lasers futuristes introduits par Audi dans les années 2010.

© ACO - C. Thrasher

L’expérience des sens

La nuit au Mans est une expérience atypique à vivre. Devant le ballet incessant des phares, chacun profite du spectacle à sa manière : dans l’effervescence du village et de la fête foraine, en bord de piste à deviner les voitures, en tribune à suivre le moindre fait de course ou simplement allongés dans l’herbe à ressentir l’ambiance de la nuit mancelle.

© Archives ACO

Le village - Depuis les premières éditions, les 24 Heures du Mans sont synonymes de grande fête populaire au coeur d’une petite ville éphémère où il fait bon vivre. Venir s’amuser en famille ou entre amis est aux yeux de beaucoup aussi important que l’épreuve. Une ambiance bon enfant rythme la vie nocturne du circuit sous le regard de la grande roue, signature lumineuse de la nuit mancelle. Animations dans les stands partenaires, shopping dans les boutiques, pause diner et concerts offrent une parenthèse au vrombissement des moteurs. Dans la foule, tous les âges et toutes les nationalités se mêlent. Les connaisseurs guident les novices. Les plus assidus à la course, eux, resteront accrochés à la piste, impassibles, installés en tribune ou confortablement assis sur leur chaise de camping en lieu et place de leur « spot » favori transmis de père en fils.

Dormeurs et noctambules - Au fil des heures, la fête s’estompe, le public se disperse, les abords du circuit se vident. Plusieurs écoles ont cours dans la nuit du Mans. Les locaux rentrent chez eux dormir quelques heures pour revenir le lendemain matin avec les enfants. Les autres se reposent comme ils peuvent, dans leur voiture, dans les tribunes ou leur toile de tente. Sur les buttes en herbe du Tertre Rouge, les passionnés somnolent, bercés par le passage des concurrents qui plongent comme des étoiles filantes dans l’obscurité des Hunaudières. Au coeur des campings cosmopolites et des installations extravagantes dont seuls les anglais ont le secret, la fête se prolonge enivrée d’odeurs de merguez qui parviennent jusqu’aux narines des pilotes.

© ACO - F. Timores

D’autres jouent les noctambules, mode « nuit blanche » activé. Au fond, la course ne dure « que » 24 heures, alors pourquoi ne pas en profiter au maximum ? Ces aficionados arpentent le circuit de long en large, se motivent pour une halte à Arnage, scrutent les moindres faits de course devant les stands et tentent de parfaire leurs filés, appareil photo à la main, jouant avec la lumière et le rouge des freins à disque. Aux premières lueurs du jour, ils profiteront d’un spectacle privilégié, seuls au monde. Le circuit est à eux le temps d’un instant.

Un silence assourdissant - Si les faits de course l’imposent, il arrive que le Safety-Car intervienne la nuit pendant une longue période. Plus que jamais, le temps semble alors s’arrêter et le circuit devient silencieux lorsque le peloton s’éloigne de l’autre côté, le bruit des moteurs étouffé par la faible allure. Dans ce calme perturbant, où les spectateurs se font plus rares, on en vient presque à se demander si la course suit toujours son cours. Difficile alors d’imaginer l’effervescence qui y régnait quelques heures plus tôt. Et puis les moteurs se réveillent, le speaker hausse le ton, comme si de rien n’était. La période de neutralisation est terminée. Une étonnante pause nocturne comme seule une nuit d’endurance en a le secret.

© ACO - J-P. Espitalier

Suivre la course - Jusque dans les années 1980, suivre l’évolution du classement n’était pas une mince affaire. Avec un circuit très peu éclairé, les voitures étaient difficilement reconnaissables dans la nuit mancelle. Les spectateurs les plus chevronnés tendaient l’oreille pour les reconnaitre au son des moteurs. Les baffles du speaker, moins nombreuses, n’étaient pas toujours audibles. Il fallait se rendre au coeur du circuit, dans la ligne droite des stands, pour vivre au mieux le spectacle de la course. Un grand portique y était installé pour suivre tour par tour la progression des concurrents. En levant les yeux au ciel, le dirigeable d’un partenaire affichait également les positions aux avant-postes. Depuis 2013, la tour de classement Michelin fait honneur à cette tradition. Le petit matin était un lieu privilégié pour faire le point sur les abandons avec l’arrivée de la gazette du jour.

Dans la ligne droite des stands, le public pouvait suivre le classement. / © Gallica - BNF

Les temps ont changé. Le développement des écrans géants dans les années 1990 a facilité la lecture de la course. Plus récemment, avec les smartphones et applications mobiles, le public peut désormais suivre la course en direct avec les classements, les caméras embarquées et la radio du speaker, où qu’il soit dans l’enceinte. Sur les voitures, les numéros sont éclairés et des leds affichent leur position. Plus d’excuse pour demander au voisin qui est en tête.

© ACO - A. Goure

Credits:

© ACO

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