Près de 150 personnes - directeurs, techniciens, présidents de structures nautiques et représentants élus de collectivités - sont venus à la recherche de solutions pour conquérir les ados de demain. Si le nautisme 3.0 -sa fièvre digitale, son ubérisation et ses e-games – peut paraître encore loufoque aux yeux de quelques-uns, il est aujourd’hui nécessaire que chacun en maitrise les codes et usages.

Nautisme en Bretagne en pleine mutation

C’est sur le rapport moral de Jean Kerhoas – Président de Nautisme en Bretagne- que la journée s’est ouverte. Après avoir rappelé la constante progression du nombre de clients accueillis par les 738 structures nautiques bretonnes en 2016, il a évoqué la place que prenait le digital chez les nouveaux ados et notre nécessité de s’adapter aux nouvelles habitudes de consommation associée.

Il a aussi remercié le Conseil Régional, représenté par Mme Anne Gallo, Vice-Présidente en charge du Tourisme, du Nautisme et des Voies Navigables pour son fidèle soutien financier sur notre plan d’actions. L’occasion de rappeler l’importance pour Nautisme en Bretagne de trouver d’autres sources de financement pour garantir son indépendance et sa liberté d’action. Il a ainsi proposé aux prestataires de renforcer leur participation financière dans le cadre du prochain plan d’actions 2017-2022. Ce dernier prévoit, en outre, un renforcement des actions de représentation et d’accompagnement à l’innovation

Prendre le meilleur du digital et progresser

Vincent Dutot, professeur associé à Paris School of Business et consultant en stratégie digitale a pris la suite à bras le corps ! Il nous a d’abord alertés sur la croissance EXPONENTIELLE de l’utilisation des réseaux sociaux, par tous, pour communiquer (notamment via Snapchat et Youtube) ou s’informer.

Puis, il s’est intéressé à l’utilisation que nous en faisions dans le nautisme. Il a rappelé l’importance de véhiculer un message adapté aux codes de chaque plate-forme tout en respectant une unité dans le graphisme et le ton utilisés. Aussi, il nous a alerté sur les moyens mis en oeuvre pour alimenter chaque réseau social : « soit on y va, soit on n’y va pas…. Mais si on décide d’y aller, il ne faut pas faire les choses à moitié sous peine de produire l’effet inverse ». Si on ouvre une page Facebook ou un compte Instagram, il faut se donner les moyens de l’alimenter.

Ensuite, il nous a décrit l’importance et les rouages de la relation client sur Internet. Il faut répondre ! Seules 70% des entreprises américaines répondent aux insatisfactions de leurs clients sur le web (environ 30% en France). Hors, la réponse induit généralement : la suppression du mauvais commentaire par la personne qui l’a posté, mais plus encore, la recommandation du produit par bouche à oreilles ou un second acte d’achat.

Ainsi, il livre quelques clés de réussite sur les réseaux sociaux

- étudier sa clientèle : sur quelles plateformes est-elle ?

- s’inscrire sur les mêmes plateformes et utiliser les bons canaux de communication.

- se donner les moyens nécessaires pour chaque plateforme : rythme de publication, délai de réponse

- optimiser le temps passé à administrer grâce à des outils spécialisés (ex : Hootsuite)

- interagir avec les clients, construire une conversation et non imposer une campagne !

- mesurer l’impact de tout ce travail à travers l’engagement des internautes sur vos publications.

Enfin, il nous encourage et nous rappelle que nous avons de la chance d’avoir comme sujet le nautisme et qu’il y a plein de beaux contenus photos et vidéos à produire. Qu’il est facile d’intéresser les gens avec des photos de mer et de pratique, bien plus que des photos de fenêtres ou des tutoriels de montage de portes !

Table ronde n°1 : Tirons profit de l’ubérisation du nautisme

L’ubérisation, c’est mettre en relation des personnes à travers une plateforme web pour un service particulier. Ce nouvel outil nous inquiète depuis l’apparition de plateformes dans le milieu du nautisme : Skippair, Vogue avec moi, Click and Boat, Universail, Hey Captain et bien d’autres encore. Certaines proposent les services de particuliers comme s’ils étaient des professionnels. Hors ces derniers n’ont parfois ni diplômes, ni cartes professionnelles, et ne sont soumis à aucun contrôles. Nautisme en Bretagne mène une action contre ces abus, mais l’objet de cette table ronde était plutôt de proposer des solutions permettant de tirer profit de l’ubérisation, cette évolution incontournable des modes de consommation.

Solution 1 : Escale Littorale, une plateforme web communautaire pour les sportifs de bord de mer

Isabelle Saxer propose, sur Escale Littorale, un nouvel espace où les passionnés et pratiquants vont pouvoir trouver toutes les infos rêvées et en temps réel pour la pratique de leur activité nautique ou de bord de mer préférée : spots, météo, marée. Les utilisateurs pourront créer un profil pour accéder à ces infos mais aussi pour interagir avec les autres pratiquants, chercher un co-voiturage, acheter du matériel d’occasion, connaître les avis sur le spot et surtout, accéder à des offres de cours ou de coaching délivrées par les structures nautiques inscrites. Escale Littorale nous offre, pour la première fois, un moyen de communiquer et de proposer nos services aux pratiquants libres. Les professionnels auront ainsi une réelle place et ne seront pas mis en concurrence avec des « particuliers avertis » sur la proposition de services.

Isabelle Saxer - Escale Littorale

Solution 2 : Lord Jim Croisières, membre de Skippair

Yann de Kerdrel a repris l’entreprise Lord Jim Croisière il y a deux ans. Une entreprise en bonne santé avec une clientèle fidèle, prête à s’inscrire sur des croisières de longues durées et plusieurs fois dans l’année. Démarché par Skippair, il a choisi de tenter l’expérience et le résultat est étonnant : « même si je n’ai pas eu des tonnes de clients grâce à la plateforme, je ne les aurais jamais eus autrement : une clientèle jeune et féminine venue « vivre une expérience et une aventure ». Pour l’anecdote, une femme m’a avoué qu’en naviguant sur le site Internet de Lord Jim elle avait « passé son chemin », car ce n’était pas pour elle : trop sérieux, pour les chevronnés. Finalement elle a réservé la prestation sur Skippair sans savoir que c’était la même chose. Elle a adoré sa semaine et elle revient trois semaines l’an prochain. Pour cette clientèle, je suis prêt à donner 15% du prix de la prestation en commission à Skippair, car elle ne serait jamais venue sinon, et pour sa deuxième croisière elle passera directement par Lord Jim Croisière sans laisser de commission à la plateforme ! »

Yann De Kerdrel - Lord Jim Croisières

Une 3ème solution que nous n’avons pas évoquer lors de la journée, serait d’organiser -au sein de la structure- le service. C’est ce que Sellor Nautisme expérimente avec son « Boat Club ». Un service de partage de bateaux (achetés par la Sellor) pour des particuliers (simple d’utilisation à partir de son smartphone) adossé à un service de prestations de coaching par des professionnels.

Remise des marques Qualité Tourisme

Anne Gallo, Vice-Présidente de la Région Bretagne en charge du Tourisme, du Patrimoine et des Voies Navigables (et Présidente du Comité Régional de Tourisme) a remis les marques Qualité Tourisme aux 10 premières structures nautiques de France récompensées :

Saint-Malo Plongée Émeraude

Surfschool Saint-Malo

Centre Nautique de Perros-Guirec

Cap plongée Trébeurden

Centre nautique de Telgruc-sur-Mer

École de surf de Bretagne / La Torche

Centre Nautique de Fouesnant Cornouaille

Domaine de Beg-Porz de Moëlan-sur-Mer

Sellor nautisme

Cercle Nautique de la Ria D’Etel

Hervé Nicot, chargé de missions Qualité Tourisme à la Dirrecte Bretagne a rappelé les avantages à participer à la Marque Qualité Tourisme :

* mieux répondre aux attentes des clients, de plus en plus exigeants, et augmenter leur confiance dans vos services

*Valoriser votre établissement et vous démarquer de la concurrence

* Améliorer votre organisation interne en fédérant vos collaborateurs autour d’un projet commun

*Faire reconnaître votre démarche qualité

Ados de demain, à quoi s’attendre ? Ils ont - de 10 ans en 2017

Philippe Rodet, directeur de Nautisme en Bretagne a tiré le portrait des futurs ados en guise d’introduction aux travaux de l’après-midi :

- Des capacités physiques et physiologiques modestes

- Qui s’est éloigné de la nature

- Qui vit sous supervision immédiate de ses parents 90 % de son temps

- Qui est encadré par des enseignants et des éducateurs qui n’ont presque jamais vécu en collectivité.

- Qui s’intéresse et pratique souvent le e-sport

Sachant tout cela, il va falloir, dès aujourd’hui, imaginer comment nous allons continuer à motiver les enfants (et leurs parents !) pour la pratique d’activités nautiques et de bord de mer, pour leur bien-être physique et physiologique. Au-delà de l’usage du numérique et du digital, il faudra imaginer la place des parents dans cette activité.

Philippe Rodet, directeur de Nautisme en Bretagne

Sport, ados et digital, de quoi demain sera fait ?

Alain Loret, Professeur des universités honoraire et fondateur de SWI (Sport Web Intelligence) nous a présenté Lucas : il est né après 1998 et passe 15h de sa semaine sur Internet. Il aime la simplicité, la praticité. Il recherche des produits innovants, fun et décalés pour un prix intéressant. Mais surtout, Lucas a une grosse présence digitale. Lucas est un digital natif, 70% de son trafic digital passe par son téléphone portable, il quitte un site Internet si le chargement des pages prend plus que 30 sec et abandonne si l’identification est trop longue.

Alain Loret - SWI

L’objectif d’Alain Loret à travers sa présentation est de nous montrer comment communiquer avec Lucas, comment l’intéresser et comment le fidéliser. Pour lui, le sport prend un nouveau virage et doit opérer une transition :

*Des sports de concurrence aux sports de connivence

* Des sports de vitesse aux sports de plaisance

* Des sports de performance aux sports de sensations

* Des sports olympiques aux sports alternatifs

* Des sports artificiels aux écosports

* Des écosports aux cybersports

L’ « outil » sport devient alors un « instrument » sport.

Pour intégrer tous ces outils dans une stratégie digitale cohérente et adaptées aux attentes des clubs, Alain Loret a créé un réseau social du sport, le r2s. Il est actuellement en phase de test auprès de la Fédération Française de Tennis.

Table ronde n°2 : A la conquête des nouveaux ados

Au-delà de la présence sur les réseaux sociaux classiques ou sur de nouveaux réseaux sociaux présentés par les intervenants tout au long de la journée,

Solution 1 : adapter les offres-produits

Laurent Thibault, directeur de l’UCPA, doit sans cesse adapter ses produits aux ados. « Quand il y a 20 ans on lançait un produit, on pouvait capitaliser dessus plusieurs années. Aujourd’hui, les nouveaux produits trouvent un écho 1 ou 2 ans auprès des jeunes, ensuite il faut changer » Par exemple, il y a 3 ans ils ont lancé le séjour Shoot N’Ride : kitesurf et vidéo. En plus des cours et des navigations, les jeunes apprenaient à filmer et repartaient avec leur montage vidéo. Aujourd’hui, ils sont nombreux à venir avec leur GoPro et la plupart savent faire leurs montages vidéo. Sur les séjours, le digital et le smartphone trouvent leur place selon l’âge des enfants et on apprend à « déconnecter » pour vivre le moment présent. L’UCPA s’adapte à la digitalisation des ados, comprend ce besoin, joue sur ce besoin sans oublier de leur apprendre une activité physique en lien avec la nature.

Laurent Thibault - Directeur de l'UCPA de l'Aber Wrac'h

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Solution 2 : créer de l’évènementiel

Olivier Le Gouic est -en plus d’être un pratiquant chevronné d’activités nautiques- un adepte du Crossfit, il nous explique les secrets de sa réussite. Cette activité fitness combine gymnastique, haltérophilie et endurance. Grâce à la digitalisation de sa communauté, elle fait participer plus de 300 000 pratiquants chaque semaine sur un évènement de compétition en ligne. Des athlètes de haut niveau en crossfit réalisent chaque jeudi une vidéo de leur WOD (Work of the Day) qu’ils postent à minuit. Les pratiquants ont une semaine pour valider leur participation à travers la certification par un coach ou la mise en ligne de leur vidéo sur Youtube. Un classement est ensuite établi. Grâce au côté évènementiel, le CrossFit sait animer, à travers les outils digitaux, une communauté qui est très fidèle en retour.

Olivier Le Gouic - Pratiquant Crossfit Brest

Solution 3 : renforcer le e-commerce et bâtir une stratégie digitale adaptée

Emmanuel Lefeuvre, directeur de Sellor Nautisme, et son équipe ont réfléchi à un nouvel outil et une nouvelle stratégie digitale pour s’adapter aux évolutions de consommation de ses clients. D’abord un outil métier, sa solution gère une base de données client qualifiée, un catalogue produit et les ressources humaines disponibles en temps réel. Avec une interface dédiée à l’e-commerce, il va pouvoir ouvrir de nouveaux stages en fonction de la demande, créer des offres promotionnelles adaptées au profil de chaque client (en fonction de leurs consommations précédentes) et communiquer avec ces derniers de manière instantanée pour leur proposer des offres originales et inédites en mode évènementiel, le tout pour créer de la dynamique et booster la communication.

Emmanuel Lefeuvre - Directeur Sellor Nautisme

Pour clôturer cette journée, Anne Gallo rappelle les synergies qui existent dans nos réflexions avec celles du tourisme et félicite Nautisme en Bretagne pour ses actions et son engagement auprès du Conseil Régional. Jean Kerhoas termine en évoquant tous les chantiers prometteurs et enthousiasmants qui s’ouvrent devant nous.

Anne Gallo, Vice-Présidente de la Région Bretagne en Charge du tourisme, du patrimoine et des voies navigables, présidente du Comité Régional de Tourisme de Bretagne - Aux côtés de Jean Kerhoas

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