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Jonathan Tedeschi MA VIE EN ROUGE ET OR

12 décembre 2019

Jonathan Tedeschi est étudiant au Baccalauréat intégré en environnements naturels et aménagés ainsi qu’au certificat en philosophie de l’Université Laval. Il fait partie du club d’athlétisme et cross-country Rouge et Or depuis l’automne 2016.

On me l'a dit quelque fois, j'ai eu un parcours plutôt atypique au sein du Rouge et Or. Un parcours sinueux, rempli d'embûches, mais également de belles rencontres et beaux moments qu'il me fait plaisir de vous partager.

14 mars 2016

Depuis quelques semaines, et même quelques mois, je songe à partir à l’aventure, c’est-à-dire déménager à Québec et intégrer la formation du Rouge et Or de l’Université Laval. Je cours depuis déjà quelques années avec le club Les Vainqueurs à Montréal. Ces derniers m’ont montré les bases de l’athlétisme.

Lors du 3000 mètres steeplechase du Championnat provincial d’athlétisme 2015, au sein de mon premier club d’athlétisme, Les Vainqueurs.

Après des saisons excitantes, Félix-Antoine Lapointe, entraîneur du Rouge et Or, m’invite à rejoindre les siens à Québec. J’accepte finalement cette offre et j’embarque dans le train. De Pointe-aux-Trembles à Sainte-Foy, je visite une chambre qui deviendra mon chez nous pour les mois à venir.

17 mai 2016

Je m’inscris en Génie Civil à l’Université Laval. Cependant, quelques mois plus tard, soit un jour avant la date limite de modification des cours de la session d’automne, je fais une rencontre fortuite et je découvre qu’il y a un programme fait pour moi : le baccalauréat intégré en environnements naturels et aménagés… Le lendemain, je change donc tous les cours auxquels je suis inscrit afin de m’inscrire à des cours du programme que je venais de découvrir.

Par la suite, je rejoins les troupes du Rouge et Or pour ma première saison de cross-country universitaire. Il y a une vague qui nous emporte à Québec. On est environ 50 coureurs aux entraînements et la cohésion entre les membres de l’équipe est incroyable. Je réussi à me démarquer pendant cette saison. J’ai notamment terminé au septième rang lors de l’Invitation Rouge et Or sur les Plaines d’Abraham. J’ai alors hérité d’un surnom qui me suit encore aujourd’hui : Le brouilleur de cartes (clin d’œil à Benjamin Raymond).

En compagnie du vainqueur de l'Invitation Rouge et Or 2016, mon coéquipier Yves Sikubwabo. J'avais terminé au septième rang de l'épreuve.

12 novembre 2016

L’équipe masculine du Rouge et Or a remportée pour la première fois de l’histoire le Championnat U SPORTS en cross-country aux Plaines d’Abraham. Je n’ai malheureusement pas été sélectionné pour être sur la formation partante.

Cependant, la saison suivante, j’ai démontré que j’aurais eu ma place au sein de l’équipe d’athlétisme. J’ai fracassé mes anciens records sur plusieurs distances (plus de 30 secondes sur le 3000 mètres). J’ai réussi à me qualifier au Championnat U SPORTS sur le 3000 mètres. Après une drôle de course (confusion avec le nombre de tours restants), j’ai réussi à finir cinquième sur la scène universitaire nationale à ma première année.

Lors de l'Invitation Rouge et Or 2017, où j'ai remporté le 3000m en inscrivant une nouvelle marque personnelle sur cette distance.

3 juin 2017

J’ai donc continué sur cette lancée fulgurante. Suite à un camp de compétitions sur la côte ouest étasunienne et quelques compétitions au sein de la belle province, j’ai fracassé d’autres records personnels sur d’autres distances au cours de l’été. Suite à une victoire et un record personnel de plus d’une minute sur le 5000 mètres à la Soirée Rouge et Or, je ressens une vive douleur à un mollet. La douleur ne s’estompe pas. Je prends donc plusieurs jours et même quelques semaines de repos avant de recommencer les entraînements.

12 septembre 2017

Je tente de faire l’équipe de cross-country pour une deuxième année consécutive. Cependant, après quelques entraînements, une douleur persistait. J’ai finalement eu un diagnostic affirmant que j’avais une fracture de stress au plateau tibial. J’ai donc dû m’absenter pour cette saison.

19 janvier 2018

Les jours se transformèrent en semaines et les semaines se transformèrent en mois. Une équipe exceptionnelle de spécialistes qui s’assurait de me remettre sur pieds. J’ai finalement eu un deuxième diagnostic annonçant que j’avais une deuxième fracture de stress plus bas sur le même tibia… La blessure persista et me força donc à m’arrêter pendant près de deux ans.

Qu’est-ce qu’on fait lorsqu’on ne peut plus courir? Pour ma part, ce fut une occasion d’approcher ma vie d’une toute autre manière. Ce fut une occasion de regarder autour de moi en classe et de parler aux personnes. Au lieu de partir à la course après mes cours, je marchais et je rencontrais des personnes formidables.

J’ai dû dès lors me redéfinir en tant que personne. Je ne suis plus un coureur. Qui suis-je? Est-ce que je me définis uniquement en tant que coureur? Ces questions m’ont hanté mais m’ont également sauvé. La blessure se transformait en une phase réflexive nécessaire dans ma vie. Plusieurs étudiants-athlètes blessés sont souvent en « attente » d’être en santé pour réaffirmer ce qu’ils étaient, c’est-à-dire des étudiants-athlètes. Pour ma part, j’ai décidé que je n’allais pas appuyer sur pause mais que j’allais saisir cette opportunité pour redécouvrir le monde et par le fait-même me redécouvrir.

Lors d'une manifestation pour une cause environnementale à Québec, entouré par de nombreux amis rencontrés durant mon parcours universitaire alors que j'étais blessé.

J’ai donc décidé de me redéfinir concrètement en m’engageant d’une manière différente. J’ai entre autres intégré Univert Laval (association environnementale de l’Université Laval), l’AÉFEUL (association des étudiants en Foresterie et en Environnement de l’UL) et le C.A de la CADEUL (confédérations des associations d’étudiants et d’étudiantes de l’UL). Et d’une manière plus abstraite, après avoir marché à l’aide de béquilles trois fois pendant l’année, j’ai ressenti beaucoup de gratitude envers la vie pour ce grand défi qui s’était posé sur mon chemin. Mes relations interpersonnelles étaient désormais plus riches qu’elles ne l’avaient jamais été.

À la Forêt Montmorency pour une randonnée hivernale avec plusieurs membres (et amis) de l’Association environnementale de l’Université Laval, Univert Laval.

24 mai 2018

La session d’hiver est terminée, je n’ai toujours pas le feu vert des spécialistes pour reprendre les entraînements. Je ne suis donc pas parti en camps d’entraînement cet été. Je n’avais pas besoin de coéquipiers et d’une piste pour m’entraîner.

C’est alors que de nouvelles opportunités s’ouvraient à moi. Pourquoi ne pas faire un stage en biologie marine à Rimouski? J’ai passé une entrevue pour un projet de maîtrise d’une étudiante à l’UL. Quelques semaines plus tard, j’ai emballé mes valises et je suis parti à Rimouski. J’ai pu découvrir le monde de la recherche et le Bas-Saint-Laurent ainsi que la Gaspésie. Encore une fois, j’ai saisi l’opportunité que la blessure m’a « donnée ».

3 janvier 2019

J’ai dû renoncer, encore une fois, à la saison de cross-country après avoir tenté de reprendre la course. Les fractures sont toujours présentes. Ce n’est pas encore le bon moment pour reprendre l’activité.

Nous avons la possibilité avec l’UL de faire des stages à l’international et cette idée me plaisait bien. J’ai donc préparé ma valise et je suis parti pour un échange étudiant à Jaén, en Espagne. J’ai alors passé six mois en Espagne pour étudier et pour me remettre en forme tranquillement.

Dans les montagnes de la Sierra Nevada, en train de contempler la beauté des paysages. Durant ces six mois passés en Espagne, je me suis remis en forme afin de reprendre tranquillement les entraînements.

De plus, un nouvel entraîneur a intégré l’équipe du Rouge et Or, Joël Bourgeois. Quel être! Il m’accompagna à distance (et jusqu’à ce jour) au sein de ma remise en forme (et plus encore). Joël amène un côté humain, un côté de plaisir à la pratique du sport de haut niveau. Il est pour lui essentiel de s’amuser (pour de vrai) en pratiquant un sport. Jamais la phrase « L’important c’est d’avoir du plaisir » n’a eu autant de sens pour moi.

D’autre part, j’ai beaucoup remis en question mon intention face au sport. Qu’est-ce qui me motive à m’y engager? Le jeu, le plaisir, l’égo, la compétition, l’entraînement (et la mise en forme), les partenaires d’entraînements, etc. Qu’est-ce que je recherche au sein de cette pratique? Il est difficile, et voir même impossible, de trouver des réponses à ces questions. Cependant, je crois fondamentalement qu’il y a une vérité qui nous habite et qui cherche à s’exprimer à travers de nos actions.

9 novembre 2019

Jour des Championnats canadiens universitaires de cross-country. Je repense à cette saison où j'ai finalement réussi à compétitionner et ce avec une approche totalement différente. Félix-Antoine Lapointe et Joël Bourgeois sont maintenant mes deux personnes ressources pour ce nouveau départ.

Près de deux ans après les premiers diagnostics de fractures, j’ai enfin le feu vert. J’ai été patient. J’ai suivi les conseils des spécialistes et des entraîneurs et j’ai réussi à demeurer en santé, et tranquillement en forme.

Lors de l’Invitation Vert & Or à Sherbrooke le 28 septembre 2019. À ma première course au sein de l'équipe de cross-country Rouge et Or en trois ans, j’ai terminé au cinquième rang.

J’ai intégré la variable plaisir au sein de ma pratique sportive. Les « œufs » ne sont plus tous dans le même panier. J’ai l’athlétisme. Mais j’ai également des projets socio-environnementaux, des études, des amis et une famille.

Lors du Championnat du RSEQ le 26 octobre 2019 sur les Plaines d’Abraham, où j'ai terminé sur la deuxième marche du podium, à quelques secondes de mon coéquipier Jean-Simon Desgagnés.

Il faut croire que cette nouvelle approche fonctionne (dépendant de la définition de la réussite). J’ai réussi à terminer sur le podium au niveau provincial et au sein des 20 premiers coureurs sur la scène nationale. Mais plus important encore, j’ai réussi tout ça en étant bien physiquement et psychologiquement. Et ça, ça vaut bien plus que n'importe quelle médaille!